La transformation numérique en Algérie et liens avec l'Afrique, un état des lieux

Études Rapports Notes

PAR : Dr Ali KAHLANE
27 Mars 2023

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Un survol

Le développement et la généralisation des TIC ont connu une croissance significative au cours de ces dernières années dans notre pays. Il est indéniable que tous les chiffres, aussi bien ceux publiés par l’ARPCE[1] et le MPT[2] à la fin de l’année 2022 que ceux publiés par les organisations internationales en ce début d’année, ont une tendance globalement positive en faveur de notre pays.

Nous comptons actuellement un nombre plus élevé de connexions internet avec un taux de pénétration qui dépasse 70%, accompagné d'un débit en amélioration constante d'année en année. La télédensité mobile est de plus de 107%, l'Algérie est classée dans le top 30 mondial comme affichant le "coût de consommation de l'Internet mobile le plus bas d'Afrique"[3] avec un tarif de 0,48 $USD par Go.

L'Algérie a connu des avancées importantes dans ce domaine. Les investissements ont augmenté et l'infrastructure de base, tels que les réseaux de télécommunications ainsi que l'accès Internet, se sont améliorés, notamment avec l’accélération de l’installation du FTTH dont le nombre de connectés a augmenté de près de 40% en passant à fin janvier 2023 à plus de 520.000 Abonnées.

Nous avons cependant encore des efforts à fournir pour améliorer notre positionnement en matière de débit internet fixe. Malgré une progression par rapport à 2022, le débit moyen de 10.82[4] Mbps, nous place au 148ème rang mondial en perdant une place par rapport à l’année dernière. Sachant que la moyenne africaine est de 7,45 Mbps.

Notre potentiel est sans nul doute énorme, il est visible tous les jours, alors que notre rythme de développement reste encore très moyen par rapport à d'autres pays, aux possibilités comparables au nôtre.De nombreux défis sont à relever pour généraliser l'utilisation des TIC dans l'ensemble de la société algérienne. Les niveaux d'alphabétisation numérique et de compétences aux simples usages informatiques restent eux aussi, moyens à faible, dans certaines régions du pays. Cela limite la capacité des institutions, des entreprises et des citoyens à utiliser ces technologies de manière efficace.

La numérisation de l'économie dans les secteurs stratégiques

La numérisation de l'économie est un processus long. Dans un pays aux prises avec une bureaucratie bien présente, où les réflexes de rétention de l'information se conjuguent avec ceux du clientélisme. La corruption, aux aguets, se complait aussi bien avec la bureaucratie qu’avec le clientélisme.

La numérisation qui en est l’ennemi numéro un, a gagné en importance dans de nombreux secteurs stratégiques ces deux ou trois dernières années. Cela a été possible grâce à une politique volontariste menée à bâtons rompus, d’une manière directe, par au moins trois départements ministériels et indirects par tous les autres.

La numérisation est le plus simple des moyens actuels, à notre portée, qui permettent aux entreprises et aux secteurs stratégiques ou pas, de devenir plus efficaces, de gagner en compétitivité et de mieux répondre aux besoins et aux attentes des citoyens et des consommateurs.

Dans les secteurs stratégiques la numérisation peut offrir un certain nombre d'avantages, tels que :

L’amélioration de l'efficacité opérationnelle qui permettra aux entreprises d’automatiser leurs processus, d'accélérer la transmission de l'information et surtout d’améliorer la collaboration et la communication entre leurs employés et les différents départements aussi bien intra qu’inter-entreprises.

Le développement de nouvelles pistes d'enrichissement et de création d’emplois, notamment en aidant les entreprises à développer de nouveaux produits et services en utilisant des technologies telles que l'analyse de données et l'intelligence artificielle.

L’amélioration de la qualité du service client, en fournissant une communication plus rapide et plus efficace entre les entreprises et leurs clients et en investissant les nouveaux canaux de communication offerts notamment par les réseaux sociaux.

L’augmentation de la compétitivité qui permettra aux entreprises de l'accroître en leur permettant de se différencier de leurs concurrents et d'offrir des produits et services plus innovants, notamment en investissant dans la recherche et développement.

Le commerce électronique et le paiement en ligne ou au moyen du mobile sont un levier très important à promouvoir. En termes d'utilisation de terminaux de paiement électronique (TPE) et de terminaux virtuels de paiement (Les TVP, sont utilisés par les web marchands, à distance), leur utilisation est encore assez limitée en Algérie. Les entreprises qui acceptent les paiements par carte de crédit ont tendance à se concentrer sur les grandes villes comme Alger, Oran et Constantine, tandis que les petites et moyennes entreprises sont moins susceptibles d'offrir des options de paiement électronique.

D’après les chiffres du Gie Monétique[5], environ 99% des opérations de paiement au moyen du mobile sont réalisées au profit du secteur des télécommunications sur les plateformes de paiement d’Algérie Poste et sur celles des opérateurs de téléphonie fixe et mobile.

Cependant, il y a des signes que cela pourrait changer à l'avenir. Le gouvernement algérien a adopté une série de mesures pour encourager le développement du commerce électronique et du paiement en ligne, notamment en fournissant des incitations fiscales et en soutenant la création de plates-formes de commerce électronique sur la base de la Loi 15-05 du 10 mai 2018.

De plus, les consommateurs algériens commencent à adopter de plus en plus les technologies de paiement électronique. Selon un rapport publié à la fin de l’année 2020 par le cabinet de conseil McKinsey & Company, environ 16% des transactions de commerce de détail en Algérie étaient effectuées en ligne. Cela est dû en partie à la pandémie de COVID-19, qui a poussé les consommateurs à se tourner vers les achats en ligne.

La numérisation de l'économie peut offrir de nombreux avantages pour tous les secteurs et particulièrement ceux classés stratégiques comme l'énergie, la santé, les transports et la défense. Il est important d’appliquer une stratégie de numérisation efficace qui tienne compte des spécificités de chacun sans se disperser en restant focus sur les objectifs fixés.  Pour atteindre ces objectifs, un mouvement d’ensemble avec une mutualisation des ressources humaines et matérielles est nécessaire afin de tirer le meilleur parti des avantages d’une numérisation plus que jamais indispensable.

Les attentes des mesures annoncées par le gouvernement pour le développement du mouvement des startups

Les initiatives récemment annoncées par le gouvernement visant à accélérer la transformation numérique de l'économie, notamment en stimulant les secteurs clés tels que les finances, la santé, l'agriculture et l'éducation pour promouvoir l’innovation et la maîtrise du numérique, sont effectivement clés.

Le secteur financier, par exemple, a connu un grand progrès avec l'introduction de nouveaux services financiers numériques et l’appropriation de ses usages et de ses outils.  C’est ainsi que le paiement en ligne a littéralement explosé avec un nombre de transactions qui a augmenté de 95% en 2022. Son chiffre d’affaires a bondi à plus de 16 milliards de DA, soit une hausse de 3200% par rapport à celui d’avant la pandémie de la Covid.

Quant à l’usage du paiement électronique, le nombre de TPE (Terminal de paiement électronique), si l’on prend comme référence l’année d’avant la pandémie, a tout simplement doublé en passant à 47.500 TPE, installés à travers le territoire. Les transactions qui ont été effectuées par ce moyen dépassent les 21 milliards de DA soit une augmentation de 71% par rapport à l’année d’avant la Covid.

Quant au paiement mobile, qui est pour le moment intra-bancaire[6], disponibles pour les clients de quelques banques pour le moment, a débuté officiellement en novembre 2022. Il totalise déjà plus de 7 millions de transactions et un chiffre d’affaires de plus de 6,5 milliards de DA, sur les seuls 4 mois qui restaient de l’année 2022.

L’application d’Algérie Poste, Baridimob a été téléchargée plus de 1,8 millions de fois. Le nombre d’opérations effectuées au moyen de cette application est de 23,8 Millions en 2022 alors qu’elle n’était que 9,4 millions en 2021 et de seulement 1 million en 2020.

Pour se mettre au niveau de l’évolution des systèmes financiers mondiaux ainsi que les conditions idoines que requiert la numérisation du pays, un texte de réforme de la loi sur la monnaie et le crédit est actuellement à l’étude à l’APN.

Ce texte prendra devrait prendre en compte les transformations survenues dans l'écosystème bancaire. Ils permettront entre autres, les agréments des banques d'investissement, celui des banques numériques ou néo banques, les prestataires des services de paiement (PSP), les intermédiaires indépendants et l'ouverture des bureaux de change pour ne citer que les plus innovants pour aider dans le sens de la modernisation du système financier de notre pays.

Cette réforme devrait permettre la création d'un nouvel écosystème concurrentiel pour toutes les entreprises ainsi que les start-up algériennes. L’annonce en décembre 2022, par le premier ministre de l’adoption d’une Monnaie numérique de banque centrale (MNBC)[7], le dinar numérique algérien devrait promouvoir la finance digitale.

Le secteur de la santé n'est pas en reste, avec les premières mises en place de systèmes de téléconsultation et de télémédecine pour améliorer l'accès aux soins de santé pour les populations rurales et isolées. L'agriculture a également bénéficié de la numérisation, avec l'utilisation de technologies telles que les drones et les systèmes d'irrigation automatisés en faisant connaître notamment l’agriculture de précision afin d’améliorer la productivité et la qualité des récoltes.

De plus, la numérisation de l'éducation en Algérie a permis de développer de nouvelles approches pour l'apprentissage en ligne et de renforcer l'accès à l'éducation pour les populations rurales et les personnes handicapées. L'attribution d'outils technologiques tels que les tablettes aux écoles est à saluer. Cependant, pour assurer la réussite de cette démarche, un contenu de qualité est indispensable. Promouvoir son développement devrait être une priorité absolue afin de nourrir, faire évoluer et généraliser ce processus de numérisation du système d'enseignement algérien.

Cependant, il y a encore beaucoup de défis à surmonter pour une adoption plus large et une utilisation beaucoup plus efficace des technologies existantes dans ces secteurs. Cela nécessite une action concertée du gouvernement et du secteur privé pour accroître et capitaliser les investissements dans les infrastructures de base, démocratiser l’accès en libérant et favorisant la concurrence, développer les compétences numériques, favoriser et promouvoir l'adoption des technologies du numérique par tous les segments de la société.

Le besoin de retenir coûte que coûte nos jeunes compétences, candidates au départ

L'émigration des compétences est un phénomène mondial qui peut être difficile à contrôler. Il y a un fait chez nous, que la plupart des ingénieurs en informatique formés par l’Université et par les écoles supérieures algériennes partent à l’étranger. C’est en passe de devenir une véritable hémorragie. Il existe bien des mesures que le Gouvernement peut prendre pour atténuer ses effets négatifs. Voici quelques-unes :

Créer des opportunités d'emploi attractives, comme la création d'entreprises innovantes et technologiques, offrant des emplois bien rémunérés et des perspectives de carrière intéressantes pour les diplômés en informatique et autres domaines. Pour cela, il faut créer un environnement favorable à l'entrepreneuriat, à l'investissement et à l'innovation.

Encourager la collaboration entre les universités et les entreprises car ces dernières doivent travailler ensemble pour développer des programmes de formation adaptés aux besoins du marché du travail, offrir des stages et des projets de recherche collaboratifs aux étudiants et encourager les collaborations entre les diplômés et les entreprises.

Renforcer les liens avec les diplômés émigrés, en mettant en place des programmes pour maintenir le lien avec les diplômés qui sont partis à l'étranger. Ces programmes peuvent inclure des réseaux de professionnels, des événements de réseautage, des bourses pour des projets collaboratifs, etc.

Améliorer les conditions de travail et de vie pour attirer et retenir les talents. Cela peut inclure des avantages fiscaux pour les entreprises qui créent des emplois dans le pays, des logements abordables, des infrastructures de transport et de santé de qualité, etc.

Encourager la recherche et le développement, dans les domaines de l'informatique, de la cybersécurité, de l'intelligence artificielle et d’autres technologies émergentes. Cela peut aider à créer des emplois bien rémunérés et à stimuler l'innovation.

Renforcer l'infrastructure numérique en investissant dans une meilleure infrastructure numérique pour améliorer la connectivité, l'accès à Internet haut débit et l'accès aux outils numériques pour les professionnels.

Il est important de créer un environnement favorable à l'innovation, à l'entrepreneuriat et à la création d'emplois pour retenir les compétences dans notre pays. Cela nécessitera une approche globale, impliquant à la fois le gouvernement, les entreprises et les établissements d'enseignement supérieur.

L’Algérie devrait continuer à investir massivement dans les TIC

Notre pays dispose de nombreux atouts dans le domaine, tels qu'une population jeune et dynamique, un marché potentiel important et un intérêt croissant pour les technologies numériques. Cependant, pour devenir un leader régional dans ce domaine, l'Algérie devra investir massivement dans les infrastructures de télécommunications et les services en ligne, encourager l'innovation et la créativité, et promouvoir l'utilisation des TIC dans tous les secteurs de l'économie.

L'Algérie présente de nombreux avantages en matière de TIC par rapport aux autres pays de la région. Nous pourrions disposer d'un écosystème technologique où les centres d'innovation, des incubateurs de start-ups et des pôles de compétitivité rendrait notre pays encore plus attractif pour les investissements et les partenariats dans ce domaine.                                 

La coopération en matière de TIC entre pays africains

La coopération avec les pays africains dans ce domaine est prometteuse et peut être rapidement, très bénéfique pour tous les acteurs impliqués. Les gouvernements africains reconnaissent l'importance de la coopération pour renforcer les capacités en matière de TIC dans le continent et pour en stimuler son développement économique.

De nombreux pays africains ont signé des accords de coopération pour partager leurs connaissances et leur expertise en matière de TIC, ainsi que pour encourager le commerce et les investissements avec l’Algérie.

Il existe également de nombreuses initiatives en faveur de la coopération en matière de TIC entre les pays africains, telles que des programmes de formation conjoints, des projets de recherche et de développement collaboratifs et des partenariats public-privé. Comme l'échange de compétences où notre pays peut partager son expertise et son expérience en matière de formation supérieure, de développement de logiciels, de sécurité informatique ou de gestion de réseaux avec d'autres pays africains.

De leur côté, ces derniers peuvent partager leur propre expertise en matière de TIC et de technologies numériques avec l'Algérie. Cela permettrait de renforcer les compétences des professionnels et des étudiants en Afrique et créer des liens entre les communautés des différents pays, comme c'était déjà le cas par le passé où l’université algérienne était le premier choix des étudiants des pays africains nouvellement indépendants.

Les pays africains peuvent par ailleurs, partager leurs données dans des domaines tels que la santé, l'éducation, l'agriculture ou l'énergie. Cela permettrait de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les différents pays africains et de trouver des solutions en collaboration dans une parfaite synergie sud-sud. Les projets qui naîtraient pourraient être financés par des institutions africaines ou internationales.

Il existe plusieurs initiatives visant à promouvoir la coopération en matière de numérique entre les pays africains et l'Algérie. Voici quelques-unes d'entre elles :

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) travaille avec les gouvernements africains pour renforcer les capacités en matière de technologies de l'information et de la communication (TIC) afin de favoriser le développement économique et social.

Alliance pour l'Internet de l'Afrique : Cette alliance a pour but de développer l'infrastructure en matière de technologies de l'information et de la communication sur le continent africain, ainsi que de promouvoir l'utilisation de ces technologies pour le développement.

L'Union Africaine a élaboré la Stratégie pour la société de l'information en Afrique, qui vise à renforcer la coopération entre les pays africains en matière de TIC et à promouvoir l'utilisation des technologies numériques.

Initiative de développement du numérique pour l'Afrique : Cette initiative, lancée par l'Union africaine, vise à développer les compétences en matière de numérique en Afrique et à accroître l'utilisation des technologies de l'information et de la communication pour le développement économique et social.

Partenariats pour le développement du numérique en Afrique : De nombreuses entreprises technologiques et organisations internationales travaillent en partenariat avec les gouvernements africains pour développer les infrastructures en matière de TIC, ainsi que les compétences en matière de numérique en Afrique.

Le programme de liaison fibre optique entre Alger et Abuja vise à renforcer les liens économiques et technologiques entre l'Algérie et le Nigéria. La fibre optique offre une bande passante élevée et une plus grande fiabilité pour les communications par rapport aux technologies plus traditionnelles.

En outre, ce projet peut aider à renforcer les relations entre les pays qu’il traverse, en permettant une meilleure connectivité et une plus grande collaboration sur les plans économique et technologique. Il peut également contribuer à stimuler le développement économique local en offrant une infrastructure de communication plus robuste et en facilitant la mise en place d'entreprises basées sur la technologie tout le long de son trajet. C’est un pas important dans la direction de la coopération numérique entre l’Algérie et le reste de l'Afrique, elle pourrait avoir un impact positif sur tous les pays de la sous-région et pourrait aisément avoir un prolongement jusqu’à Pretoria, en Afrique du Sud, l’un des autres pays du BRICS.

Cependant, il y a encore beaucoup de défis à surmonter pour assurer une coopération effective et durable entre les différents pays africain.

La dorsale fibre optique Alger-Abuja : La coopération en matière de TIC entre les pays africains s'annonce prometteuse, avec de nombreuses initiatives pour renforcer les capacités en matière de TIC et stimuler le développement économique dans le continent.

 

 

Les avantages que présentent l'Algérie par rapport aux autres pays de la région dans ce domaine

L'Algérie a réalisé des progrès significatifs dans le domaine des TIC ces dernières années, mais il reste encore beaucoup de défis à relever pour rattraper les autres pays de la région. Il reste que l'Algérie présente plusieurs avantages par rapport aux autres pays de la région. L’un des principaux avantages sont les infrastructures TIC développées jusqu’à présent : L'Algérie dispose d'une infrastructure bien développée, avec un large éventail de services télécoms et de connectivité internet de qualité, ce qui en fait un pays attractif pour les investissements dans le secteur des TIC.

Cependant, l'Algérie dispose d'un marché potentiel important, avec une population de plus de 46 millions d'habitants, ce qui en fait un marché attrayant pour toute entreprise. Le pays dispose d’une main-d'œuvre qualifiée, avec de nombreux professionnels formés et expérimentés dans les domaines de l'informatique, des télécommunications et des technologies numériques.

La mise en place d'une caisse africaine dédiée au financement des startups

La mise en place d'une caisse africaine dédiée au financement des startups est une initiative intéressante et ambitieuse, mais sa faisabilité dépend de plusieurs facteurs clés, tels que les ressources financières disponibles, la coordination entre les pays africains, et la volonté politique de soutenir l'entrepreneuriat. Elle pourrait potentiellement, à terme, avoir un impact positif sur le développement économique du continent.

Tout d'abord, il est important de noter que le financement des startups est un défi majeur en Afrique, en raison du manque de financement disponible, de la réglementation excessive et de la faible culture d'investissement. La mise en place d'une caisse africaine dédiée au financement des startups pourrait effectivement contribuer à surmonter certains de ces obstacles, en fournissant un financement abordable et en encourageant l'investissement dans les startups africaines.

Cependant, la faisabilité dépend de plusieurs facteurs clés :

Un financement initial : Il est important de disposer d'un financement initial suffisant pour lancer et gérer ce fonds. Ce financement pourrait provenir de différentes sources, telles que les gouvernements africains, les institutions internationales, les banques privées et les investisseurs institutionnels.

En outre, la mise en place d'une caisse africaine dédiée au financement des startups nécessite une coordination étroite entre les différents pays africains, afin d'assurer une utilisation efficace des ressources disponibles et de favoriser l'émergence d'un écosystème de start-ups africains solide et intégré.

Une structure de gouvernance solide : Il est également important de disposer d'une structure de gouvernance solide pour ce fonds, avec des règles et des procédures claires en place pour les investissements et la gestion des fonds.

Le marché de capital-risque doit être suffisamment développé dans les pays qui seront concernés pour que le fonds puisse effectuer des investissements rentables et durables dans les startups.

La faisabilité de la mise en place d'un fonds africain dédié au financement des startups dépend de plusieurs de ces facteurs clés, et il est important de considérer soigneusement ces facteurs avant de prendre une décision quant à la mise en œuvre de ce projet.

Pour qu'elle soit réalisable, il est essentiel de mobiliser des ressources financières importantes, de coordonner les efforts entre les différents pays africains, et de favoriser un environnement propice à l'innovation et à l'investissement. La mise en place d'une caisse africaine dédiée au financement des startups est une initiative louable et très ambitieuse, elle contribuerait très certainement à stimuler l'entrepreneuriat en Afrique qui devrait in fine, bénéficier à l’Algérie.

Dr Ali Kahlane

 

[1] Autorité de la régulation de la poste et des communications électroniques.

[2] Le Ministère de la poste et des télécommunications a remplacé le MPTTN (Ministère de la Poste, des télécommunications et des technologies du numérique) avec certaines de ses prérogatives qui ont été confiées à deux nouveaux ministères, celui des statistiques et de la numérisation et celui des startups, de l’économie de la connaissance et de la micro entreprise.

[3] Worldwide mobile data pricing 2022. https://www.cable.co.uk/mobiles/worldwide-data-pricing/

[4] Okla Speedtext au 4 janvier 2023. https://www.speedtest.net/global-index

[5] https://giemonetique.dz/qui-sommes-nous/activite-paiement-sur-internet

[6] Intra-bancaire : opérations entre les clients d’une même banque. Actuellement BNA et Essalem. BEA, CPA BDL devraient suivre dans 3 à 4 mois.

[7]  Lire “Une monnaie numérique pour l'Algérie?”. CARE Janvier 2023. https://care.dz/fr/espace-presse/une-monnaie-numerique-pour-lalgerie-art617

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