Paru dans Le Chiffres d'Affaires: 1 280 000 dinars le conteneur

Care in the press

By : Zahir Radji
15 Novembre 2020

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Le Care appelle à la révision de cette mesure: Application d’amendes sur les conteneurs retenus au niveau des ports

 

Le ministère des Transports a fait savoir dernièrement qu’il compte proposer l’instauration d’amendes graduelles à l’encontre des entreprises dont les conteneurs sont retenus au-delà de 30 jours, au niveau des infrastructures portuaires du pays. 

Cette mesure aurait pour objet de réduire le montant des surestaries en devises extrêmement lourdes que cela occasionne pour notre pays. Pour le ministère, il s’agit d’un réel fléau auquel il convient de mettre fin, sachant que dans certains cas des conteneurs pourraient demeurer en rétention jusqu’à une année. Cette mesure peut paraître, à première vue, raisonnable et justifiée, toutefois, estime le Cercle de réflexion autour de l’entreprise (Care) qu’ «il faut aller plus loin et s’attaquer au fond du problème, celui de la gestion de nos ports commerciaux».

Dans une nouvelle contribution sur la question postée sur le site officiel, le Care a souligné la nécessité de prendre le soin d’analyser au préalable la nature du problème effectivement posé. «La question soulevée est celle de savoir pourquoi des entreprises qui importent des marchandises prennent le risque de ne pas restituer les conteneurs dans lesquels celles-ci sont entreposées. Et donc pourquoi, en d’autres termes, prennent-elles le risque de payer entre 40 dollars et 100 dollars par jour et par container, en frais d’entreposage plutôt que de vider rapidement les conteneurs et de les restituer à leur propriétaire ? S’agit-il en d’autres termes de négligences de leur part ? Choisissent-elles volontairement d’utiliser les conteneurs comme espaces d’entreposage parce qu’elles estiment que le coût d’utilisation du conteneur est plus avantageux que la location d’autres espaces de stockage plus appropriés ?

Après 30 jours, cela coûterait 3 000 dollars par container par mois, ou 384 000 dinars pour 30 mètres carrés d’entreposage. Ce serait l’équivalent d’un loyer de 1 280 000 DA pour un espace d’entreposage de 100 m2.  Cela coûterait ainsi 2 à 3 fois plus cher que de louer un bâtiment à Hydra pour stocker sa marchandise», a-t-il détaillé, avant de s’interroger sur les véritables raisons du retard consenti dans la restitution des conteneurs. «Ne vaut-il pas mieux considérer l’hypothèse que ces retards dans la restitution des conteneurs pourraient être dus à des complications administratives ou des difficultés procédurières», a-t-il souligné.

En outre, le Care a indiqué que l’application potentielle d’amendes financières serait vraiment efficace et dissuasive s’il s’agissait de sanctionner des choix de gestion opérés par les entreprises que ce soit de manière délibérée ou par négligence. «Aucune amende n’induira de changement significatif si elle se rapporte à des contraintes de nature bureaucratique dont la solution ne dépend pas réellement de la diligence ou de la responsabilité des chefs d’entreprise», a-t-il précisé.

En plus des faiblesses de la coordination au sein des enceintes portuaires, il faut souligner l’impact néfaste, ajoute-t-il, de certaines incohérences de nos réglementations, parmi lesquelles il faut relever celle interdisant l’importation de conteneurs usagés. 

En effet, trente journées d’immobilisation d’un conteneur, à raison d’un coût à régler de 100 dollars/jour, cela correspond à l’équivalent de 3 000 dollars, soit le prix moyen d’un conteneur usagé, mais de bonne qualité et qui peut rendre des services utiles pour son acquéreur.

Dans la mesure où les autorités souhaitent vraiment réduire le niveau des surcoûts en devises sur les transferts liés au transport maritime de marchandises, dans le contexte actuel de tensions très fortes qui s’exercent sur les comptes extérieurs du pays, l’axe de travail sur lequel elles devraient se concentrer, préconise-t-il, est sans conteste celui consistant à réduire le délai de séjour des navires dans les ports algériens. 

Enfin, le Care estime que les autorités économiques ne devraient pas s’engager dans des mesures précipitées qui, outre qu’elles pénalisent lourdement les entreprises, et ne s’attaquent pas aux sources profondes des surcoûts qui grèvent la gestion de notre commerce extérieur. «Il serait plus indiqué de procéder au préalable aux expertises techniques des différents volets de l’organisation de nos échanges extérieurs et d’y apporter des réponses rapides appropriées. Seul un tel travail de fond permettra de résorber efficacement les déficits de nos comptes extérieurs», a-t-il conclu.

https://www.lechiffredaffaires.com/le-care-appelle-a-la-revision-de-cette-mesure/