"Transition numérique : Une vision à construire". Par Ali Kahlane

Care in the press

By : Akila Demmad- EL Moudjahid
05 Décembre 2020

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L’économie algérienne ne peut plus se résoudre à rester en marge de l’évolution des technologies des connaissances du savoir, dans un contexte mondial où le numérique s’étend à la quasi-totalité des secteurs à un rythme accéléré.

Elle doit par conséquent s’inscrire dans la nouvelle vision qui consiste à intégrer le processus numérique avec tout ce qu’il sous-tend comme mutations et transformations, aussi bien au plan réglementaire et institutionnel, que celui des infrastructures de base, et des TIC, ou encore, de l'environnement macro-économique. Focaliser sur le numérique et les connaissances pour construire et promouvoir une économie nationale forte et compétitive, c'est là un choix stratégique sur lequel nous misons pour développer de nouveaux services, investir dans des richesses complémentaires au pétrole qui soient exportables et créer une valeur ajoutée, notamment par le biais des micro-entreprises et des start-ups, qui font partie des fondements de la nouvelle économie. Un objectif souligné par le président de la République qui a insisté sur la nécessité de «placer la sécurité informatique au titre des priorités de l’édification de l’Algérie nouvelle, à travers l’élaboration de cadres juridiques et de mécanismes nécessaires pour se mettre au diapason du développement technologique avec ce qu’il implique comme applications électroniques et modèles numériques de haute définition». Dans cette optique, il s’agit pour les entreprises de se mettre au diapason des nouvelles technologies de l’information et de la communication, de les maîtriser pour une meilleure relation avec le client et une meilleure qualité de service à l’endroit de la clientèle. En conséquence, elles sont appelées à adopter de nouveaux comportements et pratiques économiques, dans lesquels le digital joue un rôle central. Le numérique ne permet pas seulement aux entreprises de réaliser des gains économiques, car il leur permet aussi d’élargir le champ de prospection du marché, de mettre en place une veille stratégique, et de traiter un volume d’informations important en un temps record. L’économie numérique en tant que levier de croissance et de développement des entreprises, des start-ups, en particulier, se démarque en fait par le caractère innovant des produits, et par la mise en œuvre de modes organisationnels plus adaptés aux exigences induites par cette nouvelle restructuration économique.
L’économie numérique en Algérie est incontournable. Cette vision qui est à construire connaît plusieurs défis. Il sera question, notamment, d’élargir l’utilisation du numérique aux divers secteurs économiques, à travers l’optimisation du débit Internet, et l’amélioration de la performance du secteur des technologies de la communication et de l’information (TIC). D’autre part, l’ensemble des secteurs et institutions sont appelés à moderniser leur gestion pour répondre au mieux aux besoins et attentes des usagers économiques. En somme, il s’agira de mettre en place les conditions nécessaires au développement de l’éco-numérique en prenant en compte l’aspect de la sécurisation des données. Un rapport de la Cnuced, publié en 2019, confirme, en effet, que l’économie numérique a créé de la richesse et de la valeur ajoutée, mais qu’elle «a également créé de nouveaux risques, qui vont des failles de cyber-sécurité à la facilitation d’activités économiques illégales en passant par la remise en cause de la notion de vie privée».
D. Akila

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Ali Kahlane, consultant en transformation et maturation numériques
«L’Algérie dispose d’une filière TIC balbutiante»

Entretien réalisé par Akila Demmad

«Dans le contexte de relance et de modernisation de l’économie nationale, la numérisation s’impose comme un choix stratégique
pour l’État qu’il importe de mettre en œuvre sans délai. Mais, pour relever ce défi, l’Algérie doit se doter d’une politique de développement des TIC à la hauteur du potentiel du pays», souligne le consultant en transformation et maturation numérique,  Ali Kahlane.

El Moudjahid : L’économie numérique se positionne au cœur des stratégies des nations et des entreprises. Où est située l’Algérie par rapport à cette mutation ?


Ali Kahlane : Le savoir est la principale source de richesse fabriquée au moyen de données que l’intelligence artificielle traite et valorise avec l’aide de l’humain pour en faire de l’intelligence économique. L’économie numérique que les économistes ont adoptée pour expliquer les bouleversements du monde de l’entreprise et de la géopolitique dont le cœur bat au rythme de la mondialisation digitale. La pandémie de Covid-19 a accéléré l’utilisation de ces technologies tout en bouleversant nos habitudes de travail, de consommation, de divertissement ainsi que la manière de nous former et de nous informer. Elle a acté des changements de paradigmes qui touchent toutes les sociétés qu’elles soient développées ou pas. Notre pays a fait des avancées suite aux dernières résolutions prises et les politiques sectorielles adoptées. Elles essaient d’harnacher les technologies, le numérique et l’économie : une association logique nécessaire au plan de la relance économique que le gouvernement a initiée pour faire face à la crise multidimensionnelle exacerbée par la pandémie. Depuis qu’Internet est devenu un moyen incontournable à tout développement, sa puissance fédérative a fait qu’aucun secteur ne peut plus s’en passer et certainement pas l’économie. Quant aux effets de la Covid-19, une étude d’août 2020 du Pnud a montré que les pays qui disposent d'infrastructures numériques développées sont mieux outillés pour fournir des services de santé et d’éducation en ligne et utiliser des systèmes de paiement électronique. La pandémie nous donne une opportunité pour amorcer la transformation numérique.

Les conditions sont-elles réunies pour se lancer sur cette voie ?


Les choses changent plus vite qu’on ne le pense. La volonté politique est là. L’intervention du président de la République à l’événement AlgeriaDisrupt le démontre amplement. Il ne faut pas oublier l’inertie de l’administration. Un traitement de choc est nécessaire. Ce n’est pas facile, il va falloir beaucoup de pédagogie, de la formation, des campagnes de communication et des échanges contradictoires avec toutes les parties prenantes, les porteurs de projets, les institutions financières et fiscales et les structures de l’Etat. Il est indispensable d’encourager nos jeunes à être des entrepreneurs et des créateurs d’emploi. La technologie en général et celle du numérique en particulier crée des possibilités quasi infinies mais s’accompagne de difficultés. Il appartient aux pouvoirs publics, en étroite concertation avec les autres parties prenantes, de définir les règles du jeu pour donner forme à une économie numérique.

L’enjeu de la transformation numérique est-il juridique avant d’être technique ?


La transformation digitale va au-delà des seules nouvelles technologies de l'information et de la communication puisqu'elle s'immisce jusque dans le modèle économique, social et culturel des sociétés ainsi que dans les relations au travail.
Les textes et les lois sont en adéquation avec le reste du monde. Le décret d’août 1998 définissait les conditions et les modalités de mise en place et d’exploitation des services Internet. Il rappelait les conditions d’utilisation, en gardant confidentielle, toute information relative à la vie privée de ses abonnés. Il était question de cyber-sécurité avant que ce mot ne connaisse la célébrité qu’il a aujourd’hui.
La déclaration de politique sectorielle du président de la République qui ordonne l’ouverture du secteur des télécommunications date de 1999 et la loi d'août 2000 la consacre, ce qui a permis l’avènement de Djezzy, d’Ooredoo, la création d’Algérie Télécom et de Mobilis, de l’Autorité de régulation des postes et télécoms, de l’Agence nationale des fréquences, une centaine de fournisseurs d’accès et de services Internet, etc. Les lois ont permis un essor appréciable des TIC. Notre pays avait même repris le lead qu’il détenait depuis l’indépendance dans la région mais qu’il avait commencé à perdre vers la fin des années 1980. En 2008, un plan stratégique pour le développement et l'appropriation des TIC est élaboré et approuvé par le gouvernement. Il comportait 13 axes de développement et un programme multisectoriel de 1000 actions sur cinq ans. Il est abandonné en 5 mois.
L’enjeu n’est ni juridique ni technique. Le ralentissement du développement des TIC a commencé en 2005 pour s'accélérer en 2009. Il atteint son plus bas niveau de développement en 2017. Cela n’a pas empêché les secteurs stratégiques qui devaient s’informatiser, pour des raisons de sécurité nationale, de le faire.
Le ministère de l’Intérieur réalise l’identité numérique (passeport et carte d’identité biométriques), le ministère de la Justice facilite l'accès à des documents juridiques et démocratise la signature électronique, celui du Travail dote le citoyen de la carte chifa. La stratégie, la vision d’ensemble, la mutualisation des moyens, des ressources humaines et matérielles décrits dans le Programme e-Algérie pour gagner du temps, de l’énergie et de l’argent, n’ont pas été prises en compte.
Le ministère de la Poste et des TIC et l’Autorité de régulation commençaient le détricotage, dans les faits, de la loi 2000-03.
Des autorisations des ISP privés commençaient à être annulées par dizaines. Des autorisations de téléphonie sur IP sont retirées. Il devenait très difficile d’obtenir des agréments ou des autorisations de ces deux institutions. Des entrepreneurs laissaient tomber leur projet à cause d’un agrément d'équipement qui ne vient pas, d’autres ont mis la clé sous le paillasson ou changé de métier pour une autorisation qui tarde à venir ou qui n’est pas renouvelée. Des start-ups déposent leur candidature pour être WISP (ISP de WiFi) et fournisseurs de Wifi Outdoor afin de fournir Internet aux villes et villages situés dans les zones d’ombre mais ils ne reçoivent aucune réponse.
L’ETUSA avait installé le WiFi dans les bus. Après quelques jours, il lui a été demandé de surseoir à ce service. Avec la déclaration de politique sectorielle de 1999 et l’élaboration du programme e-Algérie en 2008, un travail de préparation avait été effectué en amont pour réussir la prise en charge de nos TIC en temps et en heure. Nous allions pouvoir capitaliser sur une jeunesse qui se formait avec Internet, ce sont nos digital natives. Il y avait de quoi croire à la construction de la meilleure des transformations numériques. Les choses ne se sont pas passées exactement comme espéré.

La technologie numérique procure des avantages en matière d’innovation et de création de valeur ajoutée, qu’en est-il des risques ?
En informatique et dans son utilisation, le risque zéro n’existe pas. L’utilisation des TIC, surtout depuis qu’elle est portable à travers le laptop et le smartphone avec des données stockées et partagées à travers des clouds, que tous les opérateurs nous obligent à utiliser avec ou sans notre accord, les risques d’être des victimes des multiples cyber-menaces sont de plus en plus importants. Le tout est de savoir se prémunir contre tout type de menaces. La loi du 10 juin 2018 relative à la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel a complété et renforcé l’arsenal juridique. Une agence de sécurité des systèmes d’information a été créée. Nous devons reconnaître une carence de statistiques sur les dommages qu’occasionnent les cyber-attaques et les maliciels. Le manque d’implication de l’Etat dans la sensibilisation à la cyber-sécurité et l’absence d’une politique de cybersécurité rendent toute analyse difficile.
La mise en opération rapide de l’Autorité nationale de protection des données personnelles est une nécessité absolue. Ce sont tous ces outils dont l’Algérie a énormément besoin pour protéger et promouvoir son économie numérique naissante.

Quelles sont les conditions pour permettre aux start-ups de relever le défi ?


A-t-on rompu avec la gestion populiste des dispositifs d’aide à la création d’entreprises basés essentiellement sur la distribution de la rente ? Il y a plus de huit mois, il semblait que le ton avait été donné avec trois départements ministériels pour la promotion directe de la startup et de son environnement. En juin 2020, cette tendance est confirmée en allégeant la gouvernance et en précisant les missions. Les ministères délégués chargés de l’économie de la connaissance et des start-ups au côté de celui chargé des micro-entreprises sont rattachés au Premier ministre. Ce sont les conditions pour que le ministère délégué accompagne le mouvement de création des start-ups avec l’objectif de développer une économie du savoir. L’innovation couplée à la maîtrise des technologies du numérique devrait donner à la jeunesse les moyens de transformer ses idées et ses projets en entreprises créatrices de valeur et pourvoyeuses d’emploi. Le ministère délégué à la micro-entreprise hérite de la chaotique expérience des dispositifs de l’Ansej, l’Anem, l’Angem et la Cnac qui ont participé à alléger le poids de la poussée des jeunes à prendre en charge leur avenir. Des start-ups créées avant le 4 janvier 2020 ou celles qui se considéraient comme telles, ont pu bénéficier de ces dispositifs sans le savoir, ainsi que les organismes qui les y ont aidés d’ailleurs qui ne savaient pas non plus qu’ils concouraient à faire connaître le mouvement des start-ups. Les instructions du président de la République vont dans le bon sens et tout le monde y voit une volonté manifeste de changement profond quant à la place que devrait prendre Internet dans notre pays.

La mise en place d’un écosystème numérique renvoie à toute une stratégie et à un ensemble de facteurs …


Pour favoriser la mise en place de l’écosystème numérique, l’Algérie doit se doter d’une politique de développement des TIC à la hauteur de son potentiel du pays pour bâtir l’infrastructure technologique nécessaire à l’essor des TIC et développer sa propre filière industrielle avec des opérateurs télécoms dynamiques, des acteurs florissants dans le logiciel, de l’équipement et du service. Pour initier la transformation numérique et l'accompagner pour au moins 3 années vers sa phase de maturation, nous avons besoin d’un plan d’urgence. Il doit s’articuler autour des 5 axes suivants :
Le développement des usages dans les secteurs privé et public. Il va falloir accélérer le développement des services e-gouvernement, en les incorporant dans les plans des ministères. Une priorité doit être à l'activation de l’Agence nationale de développement du numérique pour fédérer et accélérer la conception et la réalisation des initiatives numériques au sein des structures publiques et assurer la mise en œuvre des plans numériques de l’Etat. Elle devra mettre en place et gérer une infrastructure technique commune pour le compte de l’Etat (Data centers, équipes d’ingénieurs de haut niveau, VPN et Cloud public, sécurité et veille centralisées …).
Cette agence sera doublée d’un observatoire avec des acteurs, publics et privés clés. Simplifier le cadre réglementaire pour l’essor du e-commerce, l’e-paiement, du paiement mobile, la signature et la certification électronique et la généralisation de l’identité numérique.
La promotion de l’innovation pour favoriser l’émergence d’un tissu d’entreprises locales, start-ups et micro-entreprises. La création d’un fonds pour les start-ups ainsi que leur labellisation permettra un accès privilégié à la commande publique. Elle va structurer l’écosystème des start-ups impliquant les entrepreneurs, les sources de financement, les universités et les grandes entreprises.
L’Algérie dispose d’une filière TIC balbutiante avec de petits intégrateurs, de nombreux importateurs/revendeurs d’équipements et des représentations commerciales de multinationales. Des start-ups émergent mais peinent à décoller par manque de structures d’encadrement et d’accélération efficaces. Il faut associer la diaspora à tous les programmes. Il serait grand temps d’exiger des multinationales d’investir dans le développement du tissu du numérique. Microsoft, Google, Oracle ou IBM ont des démarches mondiales de développement de l’innovation dans les pays dans lesquels elles opèrent.
L’Etat pourrait exiger d’elles de développer leur présence au-delà de la présence commerciale pour contribuer à développer l’écosystème TIC. L’Algérie offre une excellente plateforme pour développer l’offshoring et l'outsourcing. L’Europe est un territoire de croissance pour ces acteurs et grâce à une diplomatie économique, l’Algérie pourrait devenir une base arrière pour ces acteurs pour se développer en Europe. Une gouvernance modernisée du secteur en renforçant les instances de gouvernance du secteur. Pour accompagner cette mutation, une clarification des responsabilités du ministère de la Numérisation et des Statistiques, du MPT, de l’ARPCE, de l’ANDN et du Conseil de la concurrence, est nécessaire. L’ARPCE devrait renouer avec ses missions principales pour plus de légitimité pour la régulation des équilibres économiques du marché des télécommunications en toute impartialité et devrait travailler avec le Conseil de la concurrence. Dans ses missions régulatrices, elle ne devrait accepter aucune “ingérence” de l’exécutif et surtout venant du MPT pour arrêter les conflits d’intérêt entre ce dernier, actionnaire unique de Groupe Algérie Télécom et les opérateurs télécoms privés. C’est actuellement une source d’interférences importantes du Ministère de la Poste et des Télécommunications dans les décisions de l’ARPCE pour défendre les intérêts du Groupe au détriment du reste des opérateurs.
Le ministère à un rôle à jouer pour mettre en place un cadre favorable au déploiement d’infrastructures (droits de passage, mise à la disposition d’offres de fibre pour le déploiement des opérateurs, incitations au câblage des immeubles...). Il doit également jouer son rôle en tant qu’actionnaire du Groupe pour son redressement et l’accélération du déploiement des réseaux.
Le Conseil de la concurrence doit contrôler des marchés de détail ayant atteint un niveau de maturité, en premier lieu le marché mobile pour faciliter l’entrée des start-ups dans les solutions MVNO et OTT. La création de l’Agence nationale de développement numérique est l’une des meilleures nouvelles depuis la promulgation de la loi 2000-03 ouvrant le marché des télécoms.
La plus sûre des voies pour réussir la transformation numérique est d’avoir une stratégie, des programmes de développement sectoriels avec des applications intersectorielles. La gestion d’une feuille de route, Algeria Digital, devrait être confiée à cette nouvelle Agence qui aura pour mission de définir la vision numérique de l’Algérie et prendre en charge le suivi de la réalisation des projets avec les ministères concernés.
Une infrastructure de réseaux nécessaire à l’essor des TIC, l’ouverture de la boucle locale devraient favoriser le dynamisme sur le fixe et le mobile ainsi que tout l’écosystème. Développer les réseaux à haut débit en développant un marché du fixe concurrentiel. Une solution possible et moins coûteuse en investissements consiste à permettre aux opérateurs mobiles d’entrer sur le marché fixe à haut débit par la conversion de leur licence «mobile» en une licence «fixe-mobile 4G» avec des obligations d’investissement pour développer de manière raisonnable et progressive un backbone, couplé à l’accès à la boucle locale d’Algérie Télécom pour fournir des offres de services compétitifs aux clients finaux. L’avènement de la 5G en Algérie changera la configuration et le mode de connexion à Internet. Le casse-tête de la connexion du fameux «last mile», le dernier kilomètre, sera définitivement réglé par une connexion à un modem 5G de l’abonné résidentiel à l’unité de raccordement d’Algérie Télécom qui est, lui, connecté en fibre optique et à très haut débit à Internet. L'abonné pourra alors recevoir un débit de plus de 100 Mbps et pouvant aller jusqu’à 1 Gbps, par cellule. AT détient la plus grande infrastructure.
Elle est essentielle à l’essor de la filière digitale, le plus grand dispositif de contact-client et les plus gros moyens de déploiement. Il est fondamental de poursuivre son déploiement dans la boucle locale avec l’aide de l’Etat pour raccorder les 12 millions de logements et d’entreprises. En parallèle, il est important de redresser AT pour en faire une locomotive du secteur, et ce, autour de trois grands axes, la proximité client, l’efficacité opérationnelle en alignant ses pratiques aux standards internationaux et bien sûr le renouveau managérial en modernisant son mode de management avec de nouveaux talents internes ou externes à l’entreprise. Le pays s’est lancé dans la construction d’un million de logements et de nombreux projets de promotions immobilières sont en cours pour des habitations et des bureaux. Des incitations fiscales pourraient être envisagées pour encourager le raccordement des nouvelles constructions aux réseaux fibres, en particulier. Les dispositifs du numérique existants doivent inciter l’équipement en technologies du numérique.
Leur adoption dans l’entreprise reste faible. L’équipement de base serait bien sûr exclu de ces incitations. L’investissement des finances publiques dans ces incitations sera amorti par les gains de productivité et le développement d’une filière digitale à valeur ajoutée. Développer une école TIC d’envergure régionale.
De nombreuses formations aux nouvelles technologies existent, un des instituts phares (comme l’ESI) pourrait évoluer pour proposer une formation moderne et plus adaptée aux nouveaux modes de travail des TIC (développement agile, liens avec les entreprises, formation sur la base d’un projet personnel d'entrepreneuriat,…) cette école pourrait devenir, à l’instar de l’Ecole 42, une institution phare dans la zone MENA grâce à des partenariats avec des entreprises TIC et des écoles similaires à l’étranger pour s’insérer dans l’écosystème digital mondial. Pourquoi ne pas inscrire les technologies du numérique dans les programmes dès l’école primaire ou le collège ? Elles sont devenues une nouvelle langue, les enfants y sont exposés bien avant de l’être dans le cadre de leur formation scolaire.
Des cours devraient être proposés dès le plus jeune âge aux enfants pour les familiariser avec les outils de travail de leur temps qui sont dorénavant indispensables dans leur vie d’adulte.

Comment se présentent les perspectives du numérique en Algérie ?


Une vision est effectivement nécessaire. Elle doit être pourvue d’une stratégie et de ses programmes sectoriels. L’expérience de l’e-Algérie nous a montré que seule une structure indépendante et supranationale pourrait piloter et mener à son terme un tel plan. Le secteur du numérique a le plus fort effet d'entraînement et est le plus puissant des leviers de développement de tous les secteurs de par sa transversalité effective.
La prospérité de l’économie de notre pays et la croissance de son PIB passent par la prospérité de son secteur numérique. Si cela est fait en diapason, les institutions, les entreprises pourront s'engager, qui dans une transition, qui dans une transformation digitale et les plus chanceuses d’entre elles pourront même affiner leur maturation numérique. Toutes celles qui sont dans le numérique par essence ou par adoption, telles que les start-ups à fort potentiel de croissance ou les micro-entreprises naturellement diverses, napperont utilement le tissu économique national par leur nombre et par la qualité de leur innovation.
C’est ce processus qui associera les technologies du numérique à leurs usages, qui permettra le saut technologique, le leapfrog dont l’Algérie a besoin pour rattraper les retards de ces dernières années.
A. D.